Départ
C’était il y a 5 jours. Mon fils ainé est parti. Il a quitté la maison. Pas parti pour une chambre de bonne sous les toits comme dans « Le premier jour du reste de ma vie ». Pas parti pour des études, un travail ou la première femme de sa vie. Il a claqué la porte. Arraché ses posters. Vidé ses tiroirs emplis de carte d’anniversaire, de photos avec son visage d’ange blondinet, ses trésors, ses cartes pokémons d’un autre temps. Il a jeté, beaucoup. Jeté ses souvenirs d’enfants comme il aurait voulu me jeter. Comme il m’a jeté sa haine.
Il souffre. Il souffre d’un mal qu’il n’exprime pas. Que je ne comprends pas. A part me dire que c’est de son âge. Et là, il a agit. A décidé que mon intransigeance à vouloir le voir retourner finir ses 2 mois de lycée, c’était trop. Il a sans doute raison, c’est trop tard, il devra refaire une année pour le bac-sésame. Si il l’accepte.
Comment mon trésor, la chair de ma chair, mon amour éternel, peut devenir ce grand jeune homme, même pas encore, ni enfant, ni jeune homme sauf par la taille, qui m’écrit «Moi je ne veux juste plus jamais avoir à faire avec toi ».
Comment sans que je ne vois venir cette rupture, a-t-il pu il y a 5 jours avoir tant de haine. Pour partir. Pour quitter sa maison. Et surtout moi, sa maman. J’entends des « ne t’inquiète pas, il est chez son père » . Oui, je sais il n‘est pas dans la rue. Il n’y a rien d’irrémédiable.
Mais la douleur, la souffrance intense, les pleurs, passés, je vais maintenant attendre. Attendre que mon fils, un jour que j’espère le plus proche, accepte de me parler, de me voir et que je lui dise « je t’aime ». J’attends cet instant.